Au mois de février, le Comité Technique « Foncier et Développement » à organisé deux jours de réflexion sur les enjeux fonciers du pastoralisme en Afrique Subsaharienne. Les réflexions de ces journées s’inscrivaient dans la continuité des travaux antérieurs du Comité – sur la sécurisation des droits locaux et sur une approche par les communs de la terre et des ressources naturelles – et dans le cadre du lancement d’un nouveau chantier porté par l’IRAM.
Les journées ont été introduites par une table ronde organisée autour du dernier ouvrage d’Etienne Le Roy publié dans les collections du Comité « Pourquoi et comment la juridicité des communs s’est-elle imposée dans nos travaux fonciers ? ». Etienne Le Roy est revenu sur son itinéraire intellectuel de « rebelle discipliné », comme il aimait à le dire, qui l’a amené à redéfinir, sur la base en particulier de ses travaux sur le foncier, l’anthropologie juridique en « anthropologie de la juridicité ». Sigrid Aubert, Camilla Toulmin, Michel Merlet et Vatché Papazian, ont ensuite chacun à leur manière rendu un hommage personnel à feu Etienne Le Roy, qui nous a malheureusement quitté quelques jours après cette rencontre. Ils ont particulièrement salué son travail scientifique, mais aussi l’engagement d’Etienne auprès des jeunes chercheurs et au sein de la communauté épistémique qu’il a aidée à forger, celle du Comité technique « Foncier & Développement ». Tous les membres du Comité adressent leurs meilleures pensées et sincères condoléances à sa famille.
Les journées sur le pastoralisme ont été ouvertes par une intervention de Danièle Kintz (anthropologue Paris X), qui a partagé son regard d’ethnographe sur les complémentarités entre le pastoralisme et les autres modes d’exploitation de l’environnement sahélien. Camilla Toulmin (IIED) a discuté la question centrale des conflits entre agriculteurs et éleveurs sur la base des résultats issus d’une revue bibliographique et partagé les principaux enseignements d’une étude conduite pour l’AFD sur le devenir des institutions de gestion locale des ressources naturelles accompagnées par l’aide au développement. La première journée a été clôturée par Boubacar Maïga (réseau de communication sur le pastoralisme (Recopa) qui a présenté l’approche territoriale de sécurisation des aménagements pastoraux mise en œuvre par le Recopa dans la région Est du Burkina Faso.
Dans la continuité des réflexions de la première journée, Alexis Gonin (géographe à Paris X) a questionné la notion de « droits » sur les ressources pastorales et en a discuté les implications en matière de sécurisation des éleveurs dans l’accès aux ressources en zone soudanienne. Tidjani Alou (Collectif des associations pastorales du Niger) est revenu sur l’expérience du code pastoral au Niger et a partagé les réflexions en cours autour de l’élaboration d’une politique foncière rurale, tandis que Boureïma Dodo (réseau Billital Maroobé) a présenté les débats, dispositifs et cadres législatifs régionaux en matière d’élevage et de pastoralisme. Bernard Bonnet (IRAM) enfin a proposé une analyse croisée de la question de la sécurisation de l’accès aux ressources pastorales communes dans les pays du Sahel, au Maghreb et en France.
Les membres et intervenants ont pu échanger sur des axes de réflexions sur le foncier pastoral pour le Comité. Ont notamment été discutés les enjeux pour l’action publique, à accompagner la renégociation des agencements de droits entre agriculture et élevage et à soutenir les processus de réformes foncières reconnaissant les droits pastoraux ; la nécessité d’analyser les processus et enjeux autour de la crise politico-sécuritaire actuelle au Sahel qui questionne l’existence même du pastoralisme, et le besoin de construire un cadre d’analyse, de définir des concepts, d’identifier des échelles d’analyse, et de caractériser des problématiques communes en fonction des contextes régionaux.
Les présentations et débats seront repris dans leur intégralité dans une note de synthèse, qui sera publiée sur le site du Comité Technique « Foncier et Développement » prochainement. Pour poursuivre les réflexions, retrouvez l’interview de Dodo Boureima réalisée à l’issu de ces journées par les rédacteurs du blog ID4D animé par l’AFD.
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