Le Parlement ukrainien a adopté définitivement le 31 mars 2020 la loi prévoyant la libéralisation du marché du foncier agricole à partir du 1er juillet 2021. Seuls les Ukrainiens pourront en bénéficier dans un premier temps. Une levée d’un moratoire actée, aussi et surtout, afin que l’Ukraine puisse potentiellement recevoir une nouvelle tranche d’aide financière du FMI et éviter le défaut de paiement.
Entretien réalisé par Delphine Allaire – Cité du Vatican
Cette réforme, qualifiée «d’historique» par le président Volodymyr Zelensky, était très attendue des investisseurs. Elle était aussi l’une des conditions clés pour le déblocage d’une aide financière du FMI.
La réforme avait soulevé l’inquiétude d’une partie de la population qui a manifesté dans tout le pays, à la fin de l’année dernière. L’opposition, elle, avait soumis 4 000 amendements. Les détracteurs de la réforme redoutent qu’elle ne serve les intérêts des oligarques ou de grands groupes internationaux.
Pour apaiser les craintes des petits agriculteurs, la législation adoptée fixe un cadre strict. Lorsqu’elle s’ouvrira en juillet 2021, la vente de terres sera limitée aux particuliers ukrainiens pour un maximum de 100 hectares chacun.
À partir de 2024, les entreprises ukrainiennes pourront acquérir jusqu’à 10 000 hectares. Quant à la vente aux sociétés étrangères, elle restera interdite dans un premier temps, et fera ensuite l’objet d’un référendum.
Autrefois, l’Ukraine était considérée comme le grenier de l’URSS. 70% de sa surface est recouverte de terres agricoles, soit 40 millions d’hectares environ.
En 1991, au moment de l’indépendance, la propriété des terres est revenue pour un quart à l’État; le reste aux fermiers puis à leurs descendants qui les louent par parcelle aux agriculteurs intéressés.
Il était interdit d’acheter ou de vendre la terre; c’est le cas dans peu d’États dans le monde, comme le Venezuela, Cuba, la Corée du nord ou le Tadjikistan.
Alexandra Goujon, politologue spécialiste de l’Ukraine à Sciences Po, nous décrypte les modalités et les conséquences de cette libéralisation des terres agricoles à venir.
Pour écouter l’entretien, cliquez ici
Source : Vatican news via FarmLandGrab
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