Mali : le gouvernement engage la lutte contre l’accaparement des terres

le 25/05/2015

Le ministère malien des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières, Me Mohamed Ali Bathily, vient d’engager une lutte sans merci contre la fraude et la spéculation foncières. Après une récente annulation de cinquante titres fonciers (près de 3.500 parcelles), il s’attaque à la servitude des rails dans deux communes du district de Bamako et à Kati (15 km de la capitale) où le domaine de l’Etat est illicitement morcelé et exploité par des particuliers qui y érigent maisons d’habitation et commerce. « On va déguerpir les servitudes », a juré Me Bathily en rappelant qu’elles sont « inaccessibles et inaliénables », selon la loi.

Cette volonté affichée est bien accueillie au Mali où la spéculation foncière est considérée comme une bombe sociale à retardement. Sur les 347 dossiers traités par le Médiateur de la République entre 2012 et 2013, les réclamations ont majoritairement porté sur les affaires foncières. « Les litiges fonciers ne cessent de gagner en ampleur et en gravité, créant des situations potentiellement dangereuses pour la paix sociale », avait déploré le Médiateur, Baba Akhib Haïdara, en remettant son rapport au président de la République en mai 2014, Ibrahim Boubacar Kéïta. Pour celui-ci, ces litiges « constituent une problématique récurrente qui exige aujourd’hui des solutions de rupture. Les frustrations et la colère que génère ce fléau sont déjà explosives « .
L’Etat est fréquemment accusé par l’opposition et la société civile de « brader des milliers d’hectares au détriment des paysans locaux », qu’il cède souvent à des multinationales ou à des particuliers dans des conditions opaques.

Dans un mémorandum, le Parti pour la renaissance nationale ( PARENA, opposition) affirme que 472.000 hectares ont été cédés à des étrangers et plus de 233.000 à des privés maliens, au détriment des populations qui « risquent d’être chassées des terres qu’elles exploitent depuis plusieurs générations ».

Mais, pour la direction de l’Office du Niger, « il n’y a jamais eu de cession des terres de l’Office qui appartiennent à l’Etat. Les exploitants y sont installés sur la base d’un bail.. En août 2010 par exemple, des baux attribuant 228.796 hectares à diverses personnes ont été résiliés pour non respect de la loi ».

Ces précisions ne convainquent pas les organisations de défense des paysans qui exigent, pour plus de transparence, que l’office publie la liste des bénéficiaires de terres et la nature des documents signés entre eux et l’Etat.

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Source : farmlandgrab.org