Le groupe français TotalEnergies a annoncé, jeudi 4 janvier, lancer une « mission d’évaluation » sur le volet foncier de ses projets pétroliers en Ouganda et en Tanzanie, East African Crude Oil Pipeline (EACOP) et Tilenga, qui sont vivement contestés par des associations environnementales et de défense des droits humains.
Cette « mission d’évaluation du programme d’acquisitions foncières mené en Ouganda et en Tanzanie dans le cadre des projets Tilenga et EACOP » est confiée « à Lionel Zinsou, personnalité reconnue pour son expertise en matière de développement économique de l’Afrique », a indiqué TotalEnergies dans un communiqué.
« Alors que le processus d’acquisition foncière touche aujourd’hui à sa fin, cette mission évaluera les procédures d’acquisitions mises en œuvre, les conditions de consultation, d’indemnisation et de relocalisation des populations concernées, ainsi que le processus de traitement des griefs », précise l’entreprise.
Ecosystème fragile
« Elle évaluera également les actions menées par TotalEnergies EP Uganda et la société EACOP pour contribuer à l’amélioration des conditions de vie des personnes concernées par ces acquisitions foncières et proposera, le cas échéant, des actions complémentaires à mettre en œuvre », a-t-elle ajouté.
Le lancement de cette mission d’évaluation est pour le géant pétrolier français un moyen de répondre aux critiques entourant le mégaprojet EACOP, qui a fait l’objet d’un accord d’investissement de 10 milliards de dollars (9,12 milliards d’euros) avec l’Ouganda, la Tanzanie et la compagnie chinoise CNOOC.
Le projet rencontre en effet l’opposition de militants et de groupes de défense de l’environnement, qui estiment qu’il menace le fragile écosystème de la région et les populations qui y vivent.
Il comprend le forage de 419 puits (projet Tilenga) dans le parc naturel des Murchison Falls, remarquable réserve de biodiversité située dans l’ouest de l’Ouganda, ainsi que la construction d’un oléoduc chauffé de 1 443 km reliant les gisements du lac Albert à la côte tanzanienne sur l’océan Indien.
« Moyens de subsistance dévastés »
Début juillet, Human Rights Watch avait demandé son arrêt, estimant dans un rapport qu’il avait déjà « dévasté les moyens de subsistance de milliers de personnes ».
En septembre, quatre associations de défense de l’environnement – Darwin Climax Coalitions, Sea Shepherd France, Wild Legal et Stop EACOP-Stop Total en Ouganda – ont déposé plainte en France pour « climaticide » contre le groupe et son projet.
Lionel Zinzou, ancien premier ministre de la République du Bénin en 2015-2016, a « déjà collaboré » avec TotalEnergies dans le passé « sur des questions de développement économique », via sa société de conseil dédiée au continent africain. Il devrait rendre son rapport « d’ici avril 2024 », précise TotalEnergies.
Le Monde avec AFP
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