Résumé de l’article:
Bien qu’il n’existe pas à proprement parler de régime différencié concernant le foncier irrigué en Birmanie, le développement de l’irrigation se confond dans la majorité des cas avec le développement de la riziculture inondée, et en ce sens génère des enjeux fonciers qui lui sont propres. L’étude du rapport des pouvoirs birmans pré- et postcoloniaux à l’irrigation permet de mettre en exergue la continuité symbolique et politique de la relation entre maîtrise de l’irrigation à des fins de riziculture et construction étatique. L’intervention des gouvernements postcoloniaux en matière d’irrigation peut être caractérisée d’une part en politiques de contrôle dans les plaines centrales et dans le delta de l’Irrawaddy, et en politiques d’ordre « civilisatrices » dans les régions montagneuses d’autre part. Bien que de natures différentes, les formes d’insécurité foncière liées à la culture de terres irriguées n’en sont pas moins une constante. Dans les régions de plus fort contrôle de l’État (c’est-à-dire dans les grands périmètres irrigués des plaines et du delta), la sécurité foncière qui pourrait théoriquement découler de régimes fonciers stables a en réalité été systématiquement sapée par les contraintes économiques imposées dans un objectif d’accroissement de la productivité pour l’État et au détriment des petits agriculteurs. Dans les hautes terres, l’introduction de programmes de culture du riz irrigué a profondément bouleversé les régimes fonciers coutumiers et conduit à la captation des terres les plus fertiles par une élite.
Source : Maxime Boutry, dans la publication « Le foncier irrigué : enjeux et perspectives pour un développement durable / Irrigated Land Tenure: Challenges and Opportunities for Sustainable Development. » Coordonnateurs : Jean-Philippe Venot, Ali Daoudi, Sidy Seck, Amandine Hertzog Adamczewski
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