La crise institutionnelle de mars 2012 a révélé au Mali une crise politique plus générale, dont la gouvernance de la capitale offre une illustration sensible après plus d’une décennie de décentralisation. Avec aujourd’hui deux millions d’habitants, Bamako manifeste de vives tensions d’appropriation et d’usage : non seulement sur les espaces publics du District, mais aussi sur les réserves foncières des communautés coutumières et des communes rurales nouvellement constituées sur les périphéries urbaines. La pression foncière et la spéculation change en effet d’échelle au début des années 2000.
A l’appui d’une sélection de conflits suivis localement, de plus en plus souvent portés en justice, l’article analyse la confrontation d’intérêts privés, d’acteurs communautaires et publics dans un contexte de libéralisation économique et de faiblesse institutionnelle. Il montre également la continuité d’une gestion clientéliste du sol qui s’est recomposée dans le régime multipartiste de la Troisième République malienne. Corruption et malversations autour de poches foncières ou de plus vastes terrains voués au mitage concourent à décrédibiliser le politique au moment où celui-ci semble dédié de l’extérieur à la promotion de nouveaux partenariats et concertations.
Ces débats vifs et rapports de forces sur la mobilisation du sol et la sécurité de la propriété montrent une société dans laquelle les inégalités sociales progressent vite et s’expriment de plus en plus ouvertement dans des actions collectives de protestation.
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