Les politiques de développement agricole en Asie du Sud-Est s’accompagnent très souvent de mutations foncières qui ont deux visages complémentaires : concentration foncière et exclusion. En modifiant les perspectives de valorisation du foncier, les investissements dans l’irrigation tendent à renforcer ces tendances. La question du foncier irrigué fait cependant l’objet de relativement peu d’attention ; mieux la prendre en compte est pourtant crucial dans une perspective d’un développement économique et social des territoires qui soit durable.

Le chantier “foncier irrigué en Asie du Sud-Est” du COSTEA a été mis en œuvre de façon discontinue sur une période de 3 ans à partir de novembre 2019, dans deux pays, le Cambodge et la Birmanie. Le chantier était piloté par deux chercheurs indépendants spécialistes des enjeux fonciers, en collaboration étroite avec le Secrétariat Technique et Permanent du COSTEA et le CTFD (Comité Technique « Foncier & Développement »). L’étude visait (i) à réaliser une caractérisation des enjeux fonciers en lien avec les différentes agricultures irriguées d’Asie du Sud-Est afin (ii) d’émettre des recommandations pour leur prise en compte dans le cadre de futurs projets visant au développement de l’agriculture irriguée.

L’étude a tout d’abord consisté en une catégorisation des systèmes irrigués croisant (i) le type d’infrastructures hydroagricoles et le niveau de contrôle de l’eau qu’elles permettaient avec (ii) leur susceptibilité à être inondées. Cette typologie croisée étant justifiée par le fait que l’agriculture irriguée se retrouve en grande partie dans les grandes plaines inondables de la région. Une revue des cadres politiques, juridiques et institutionnels et des entretiens avec des personnes ressources (bailleurs de fonds, ministères sectoriels) a permis de réaliser un état des lieux (théorique) de la façon dont la question foncière est abordée dans le cadre de projets visant au développement de l’agriculture irriguée.

Les analyses issues de l’action Foncier Asie du Sud Est permettent au COSTEA de formuler des constats et des messages consensuels. Ces derniers fournissent des éléments visant à renforcer le développement économique et social des territoires irrigués à travers la sécurisation foncière des exploitants face au phénomène de concentration foncière et face au développement de l’agriculture dans les « fronts pionniers ». Ils cherchent également à promouvoir les approches territoriales et participatives en lien avec les dynamiques foncières.