Le rapport « Migrants, marchés et maires : Relever le défi de l’emploi dans les villes secondaires d’Afrique » se distingue par son approche novatrice, car jusqu’à présent, les recherches sur les migrations et le développement urbain en Afrique se sont principalement focalisées sur les grandes villes et les mouvements migratoires des zones rurales vers les zones urbaines. Toutefois, il est important de noter que 97 % des centres urbains africains comptent moins de 300 000 habitants, et qu’une part significative des migrants urbains provient d’autres zones urbaines.
Ainsi, le rapport s’appuie sur des données démographiques, des documents de recherche, des entretiens avec des informateurs clés et des recherches empiriques pour mieux comprendre comment les migrants des villes secondaires d’Afrique s’en sortent sur les marchés du travail urbains, comment ils affectent la productivité urbaine globale et comment les maires peuvent tirer parti du potentiel des migrants au bénéfice de tous. Il explore ces questions à travers les pays et quatre contextes urbains : Jijiga en Éthiopie, Jinja en Ouganda, et Jendouba et Kairouan en Tunisie.
Les principaux messages clés sont les suivants :
1. L’urbanisation de l’Afrique : préjugés et réalités
a. La population africaine continue à croître rapidement (5,4 % par an).
b. L’attention des politiques s’est essentiellement focalisée sur les grandes métropoles du continent, alors que 60 % de la population urbaine africaine réside dans des villes petites, moyennes et secondaires, dont le nombre est en augmentation rapide.
c. Les migrations rurales-urbaines sont souvent considérées comme le principal facteur de croissance démographique des villes africaines, ainsi que des mauvaises performances des aires urbaines.
2. De nouveaux constats sur les migrants urbains
a. Les migrants urbains représentent en général au moins un tiers de la main d’œuvre urbaine ; la moitié d’entre eux environ se sont établis depuis moins de trois ans, et entre un tiers et la moitié d’entre eux proviennent d’une autre aire urbaine.
b. Les migrants urbains sont plus jeunes, disposent de moins de personnes à charge et sont plus instruits que les résidents urbains plus anciens ; ces écarts sont plus importants lorsque l’on se concentre sur les migrants urbains-urbains, et diminuent à mesure que la taille de la ville augmente.
3. Migrants et marchés du travail
a. Dans l’ensemble, les migrants, et tout particulièrement les migrants qui s’établissent dans des villes petites, moyennes et secondaires, s’intègrent bien dans les marchés du travail urbains, indépendamment de la durée de leur séjour.
b. La croissance démographique des villes africaines est de plus en plus alimentée par l’accroissement naturel, et non par la migration ; la contribution des migrants à la rapidité de l’expansion urbaine, et donc à la congestion, est ainsi réduite, tout particulièrement en dehors de l’Afrique de l’Est et dans les petites villes.
c. Certaines preuves empiriques encore embryonnaires tendent à confirmer que les migrants apportent une contribution positive à la productivité du travail et au bien-être en milieu urbain, essentiellement liée à l’augmentation de la densité urbaine.
4. Établir des politiques pour tirer profit de la migration urbaine : le pouvoir d’action du maire
a. Les approches politiques doivent être holistiques et dépasser le cadre strict des politiques relatives au marché du travail et aux migrants, pour se concentrer plutôt sur la planification et la gestion des villes de façon plus générale.
b. Les marchés urbains doivent bénéficier de davantage d’informations concernant les flux migratoires, réduire les démarches administratives pour les entreprises, et mieux anticiper leur planification, afin de proposer des infrastructures, des services et des emplois de meilleure qualité en milieu urbain.
c. Les gouvernements nationaux peuvent contribuer à renforcer la capacité des maires à répondre aux besoins des citadins via des financements et des compétences renforcées, ainsi que par un meilleur engagement des citoyens.
d. Lorsque les divisions sont importantes, il est recommandé de mettre en œuvre des interventions focalisées sur les migrants, bien que cela doit prendre la forme de mesures destinées à améliorer le niveau de vie de l’ensemble de la population.
Rejoignez-nous sur
LinkedIn X Facebook